L’EFFERVESCENCE DU NGONDO SOUS LE SIGNE DE L’ENTRAIDE ET DE LA TRADITION
Le Ngondo 2024, grand rendez-vous culturel des peuples sawa, a une fois illuminé Douala, rassemblant traditions, modernité et dynamisme économique. Placée sous le thème de Jongwanelle qui signifie L’entraide, cette édition orchestrée par Bele_Bele a marqué les esprits par son organisation impeccable et la diversité de ses activités.
Une édition riche en symboles
La cérémonie traditionnelle sur les rives du Wouri a été un moment fort, ou les chefs Sawa ont renouvelé le lien spirituel avec les acteurs. Ce thème de Jongwanelle a imprégné l’ensemble des festivités, mettant en lumière l’importance de l’unité et de la solidarité au sein de la communauté.
Pour Epossi Matoumbe, Miss Ngondo 2024 : Une Ambassadrice de la Culture et de l’Entraide originaire, de Bonaberi, cette victoire a une résonnance particulière :
“C’est un immense honneur de porter ce titre, d’autant plus en représentant mon canton et tout l’arrondissement de Douala 4e. Cette victoire est la reconnaissance de mes efforts, de mes encadreurs, de mes sœurs et de ma communauté. Je ressens une profonde gratitude envers tous ceux qui m’ont soutenue.”
Pour elle, ce titre est bien plus qu’une couronne : “Il symbolise une opportunité de défendre notre riche patrimoine culturel et de mettre en lumière les valeurs fondamentales de notre belle communauté Sawa. Pour Bonabéri, c’est une occasion de montrer nos talents, notre unité et notre fierté culturelle.”
Sa préparation, marquée par une discipline et une détermination exemplaires, témoigne de son engagement envers les valeurs Sawa : “J’ai travaillé sur ma prise de parole, ma prestance et j’ai appliqué les conseils de mes encadreurs. Ce qui a fait la différence, c’est ma sincérité et ma capacité à incarner les valeurs de respect, d’unité et de solidarité.”
En tant que Miss Ngondo, Maureen souhaite porter un message fort : “Notre culture est une richesse inestimable qu’il faut préserver et transmettre avec fierté. J’encourage les jeunes à valoriser nos traditions tout en restant ouverts au monde.”
Le thème de cette année, “Jongwanelle” (l’entraide), a particulièrement résonné avec ses valeurs personnelles : “Ce thème reflète une valeur essentielle de notre communauté. Il souligne l’importance de l’entraide dans notre quotidien, que ce soit pour surmonter les défis ou construire un avenir meilleur ensemble. Mes projets et mes actions visent à encourager cette solidarité, car elle est une force qui consolide nos liens sociaux.”
La compétition pour la couronne a été marqué par un système de votes innovant : 10% par vote par le biais d’un opérateur de téléphonie mobile et 90% par le jury. La première dauphine Ntouh Eboa Yvonnia est originaire du Canton Njo Njo, et la deuxième dauphine Ndome Eyoum Merveille du Canton Deido, un signe fort de la diversité culturelle qui anime l’évènement.
Les Miss Ngondo : Une riche histoire
Au fil des ans, le Ngondo a vu de nombreuses jeunes femmes représenter fièrement leurs communautés. Parmi elles, Bonaberi s’est particulièrement illustré avec des candidates qui ont marqué l’histoire :
- Nicole Ebelle : 1995 _ Ka Muna Sawa : Bonambappe
- Moukoko Calixte : 1996 _ Jalatane : Bonassama
- Ebelle Augustine : 1997 _ Mooete o Epolao : Bonambappe
- Florence Kwin Elimbi : 1999 _ Mesanedi 2000 : Bonambappe
- Bonny Rita Olivia :2002_ Kiele Bonam : Djebale
- Moukilo Génie : 2006 _ Pai o Munja : Djebale
- Etombi Eyobo Emma : 2008 _ Bolo o Bodu : Bonassama
- Nguea Ndoumbe Bernadette : 2009 _ Nginya Mulema : Bonendale
- Njongue Ndame Olive : 2012 _ Musango Pete : Bonendale
- Boulou Bessi : 2015 _ Bwaganga : Bonamikano
- Astrid Murielle Yvanella Ellong : 2023 _ Kod’a Mboa : Bonamikano
Une caravane mémorable à Bonaberi
Cette année, l’effervescence du Ngondo a été amplifié e par une caravane exceptionnelle organisée par Bonaberi, fief de l’organisation. Cette initiative a été portée par le Mwanja mwa Bele Bele, une association dynamique de jeunes ressortissants de Bonaberi engagés dans la valorisation et la transmission de traditions liés au Ngondo.
Pour Stéphane Dibongue, président de l’association, cette caravane revêt une signification particulière : “Nous avons voulu donner une visibilité accrue au Ngondo, surtout pour sensibiliser les jeunes à l’importance de préserver notre culture. Cette caravane n’est pas juste une fête, c’est un symbole de notre unité et de notre capacité à travailler ensemble pour le rayonnement de nos traditions.”
La caravane a traversé les quartiers de Bonabéri dans une ambiance festive et colorée, rassemblant des centaines de personnes autour des danses traditionnelles, de chants et de messages porteurs de solidarité dans une mouvement sportif et joyeux.
L’avis de Serge Lobe, un membre du protocole, chargé de l’accueil et de l’installation des autorités administrative du Ngondo lors de la grande veillée et aux berges du Wouri a exprimé sa satisfaction quant à l’édition : “ Le Ngondo 2024 a brillé par des initiatives marquantes comme le carnaval de la ville, le tir à la corde et le vote numérique pour l’élection de Miss Ngondo. Placé sous le thème “Jongwanelle” (l’entraide), l’événement a été organisé avec rigueur et sérénité, cette édition s’est déroulée sans grandes difficultés, offrant une expérience globalement réussie malgré les imperfections inhérentes à toute œuvre humaine. ”
Une foire au cœur de l’effervescence
Située à Camtel Bepanda, la foire du Ngondo a été un carrefour d’échanges culturels et économiques. Gastronomie, boissons locales, artisanat, mets traditionnels et spectacles vivants ont attirés une foule dense.
Pour Rodrigue Mbonjo enseignant de profession mais reconvertit en restaurateur a son stand pour l’occasion : Nous sommes une bande d’amis à la base, et pour cette année nous avons décidés de prendre un stand, il est vrai que le choix du nom du stand a beaucoup attiré l’attention (Stand Wesh Ma gueule) à la foire, participer à cette fête a permis de gagner en expérience et en notoriété dans l’entrepreneuriat, grâce à une communication bien structurée qui a dépassé les attentes. L’importance du Ngondo réside dans la valorisation de la culture Sawa, même si certains aspects sur place méritent d’être améliorés.
Arthur Nontondji vendeur de boissons et grillades locales : En tant qu’exposant, c’était une opportunité de tester le soutien pour un projet, rentabiliser l’investissement et profiter de l’ambiance festive tout en gagnant 3 600 000 FCFA pour un investissement de 1 200 000 FCFA. Cependant, la foire aurait été plus enrichissante avec des stands variés, comme des objets d’art ou des entreprises non liées à la nourriture et aux boissons.
Les mbindis concerts : Un évènement externe qui met en valeur le Ngondo
Bien que les mbindis concerts ne fassent pas directement partie du Ngondo, cet événement organisé par Yvan Ango, promoteur des mbindis concerts, a largement contribué à mettre en valeur cette grande fête culturelle. Les mbindis concerts, qui se sont déroulés au Boj ont célébré les chansons d’Eboa Lottin, une légende de la musique camerounaise. Ce concert a attiré une foule nombreuse et a permis de souligner l’impact de la musique traditionnelle et de la culture sawa dans la scène musicale actuelle.
Yvan Ango, promoteur des mbindis concerts, se réjouit de l’édition : Les Mbindis Concerts, initiés en 2016 après une suggestion de Sandrine Nnanga lors de l’émission Adsmag, ont évolué du studio de radio (6 éditions, dont une digitale pendant le Covid) à des lieux prestigieux comme la Fnac, la galerie Annie Kadji, Onomo, et Boj. La 10ᵉ édition, organisée dans le cadre du Ngondo, a marqué un tournant en réunissant deux générations d’artistes, avec Erico et Hugo Nyame aux côtés de Sango Edi et KOC, ainsi qu’un hommage à Eboa Lotin interprété par Final D et Pakito. Ce choix s’inscrit dans une volonté de célébrer le Ngondo en mettant en avant le makossa, poumon de la musique camerounaise, et en honorant les racines culturelles sawa à travers un événement musical d’envergure.
L’avis de quelques invités témoigne la beauté des festivités, Saphia Ndongue promotrice de Safand Agency qui a assisté à l’événement : L’ambiance était excellente, avec un show de qualité qui nous a vraiment honorés. Eriko a réveillé des émotions enfouies, c’était ma principale motivation pour assister à cette édition. Cela m’a permis de m’évader, de me vider l’esprit et de profiter pleinement de l’instant présent. L’événement valorise nos anciennes et nouvelles vedettes, en permettant de revivre notre enfance avec les anciens musiciens et de découvrir de nouveaux talents.
William Mpondo des paniers de Will, gérant d’une entreprise de cadeaux personnalisés : L’accueil était bien organisé avec plusieurs hôtesses à l’entrée, belles et élégamment habillées, mais une fois à l’intérieur, il manquait des personnes pour guider ou installer les invités. L’événement a mis en valeur la culture sawa à travers des plats traditionnels, des tenues traditionnelles imposées comme dress code, et une playlist riche en mélodies locales. J’ai également assisté à un bel hommage rendu à un artiste disparu, avec un prix remis à sa famille, et même si je ne connaissais pas la plupart des chansons jouées, j’ai apprécié les découvrir.
Le Ngondo 2024, sous la direction de Bele Bele, a su conjuguer tradition, modernité et solidarité, avec une organisation saluée par tous. Cette édition a offert une véritable immersion dans la culture Sawa, grâce aux cérémonies traditionnelles, à la caravane de Bonaberi et aux foires animées.
Cette effervescence prend une dimension plus symbolique cette année, car le Ngondo vient officiellement d’être inscrit au patrimoine culturelle te immatériel de l’UNESCO. Cette reconnaissance mondiale souligne l’importance de préserver et transmettre l’héritage unique, non seulement pour les peuples Sawa, mais pour l’humanité toute entière. Ce mélange harmonieux entre enracinement et ouverture fait du Ngondo un évènement incontournable qui donne et continue d’inspirer er de rassembler.
Jeanne Sophia DIN
Rédactrice ALDIART
Photos sources : Canton BELE BELE ,MBINDIS CONCERTS, MWANJA MWA BELE BELE
